Aujourd’hui commencent les #16joursdactivisme contre la violence basée sur le genre.
corinemaez.com vous fera vivre durant 16 jours des histoires de femmes victimes de violences basées sur le genre.
Des histoires de femmes qui auraient pût être, vos mères, sœurs, filles, cousines, nièces, tantes, fiancée, épouses…qui d’ailleurs le sont pour d’autres.
Ces histoires pour vous sensibiliser à prêter oreilles, à détecter, à percevoir les signes, à aider, soutenir et défendre les victimes.
La première très récente, fait l’actualité en guinéé, en Afrique et ailleurs.

M’Mah Sylla….
Say her name…..
M’Mah Sylla 25 ans est décédée en Tunisie le
Samedi 20 Novembre 2021.
Elle y avait été transférée pour des soins, consécutives à des viols par des médecins à Conakry.
Elle a subit 7 opérations suite à ces viols.
Il y’à quelques mois, M’Mah Sylla s’est rendue dans une clinique privée en guinéé au quartier Entag pour un problème de tension, une clinique gérée par un médecin qu’elle connaissait très bien.
Un médecin qui lui avait fait des avances, qu’elle a refusées auparavant.
Le médecin là drogue et la viol pour la première fois…
« Quand je suis arrivée dans la clinique, j’ai trouvé qu’il y avait du monde là-bas. Quand Patrice (médecin) m’a vue, il m’a dit d’aller dans la chambre où ils ont l’habitude de consulter les gens, je me suis rendue directement là-bas. Il (le médecin) est venu me demander si j’ai pris le petit-déjeuner, j’ai dit non, je n’ai rien pris d’abord. Il m’a laissée là-bas pour sortir. Quelques instants après, il est revenu avec du jus et une injection. Je lui ai dit que je ne prends de jus. Il m’a dit : si tu ne prends pas ça, tu ne pourras pas prendre de médicaments.
J’ai alors pris un peu de jus, après il m’a injectée. Après avoir pris l’injection, j’ai perdu connaissance, je ne savais plus ce qu’il se passait. Et lorsque je me suis réveillée, j’ai trouvé que j’étais nue et je n’ai pas vu Patrice. Ce jour-là, je me suis sentie humiliée. Je suis sortie, sans rien dire, je suis rentrée chez moi. Tellement que j’avais honte, je n’ai pas expliqué à mes parents ce qui m’est arrivé”
Quelque temps après, la victime, n’ayant pas vu ses règles, décide de repartir voir le médecin.
Ce dernier lui fait un test de grossesse et lui dit que le résultat est négatif. Mais quelques jours plus tard, elle commence à ressentir des douleurs et retourne voir encore le même médecin. Cette fois, Patrice lui dit qu’elle est enceinte.
Le premier viol a conduit à une grossesse, que le médecin a décidé d’interrompre par tous les moyens.

La peur de porter une grossesse issue d’un viol, pousse M’Mah Sylla à accepter l’offre de son violeur de se faire avorter. Sur proposition du médecin, ils vont dans une autre clinique située à Cosa pour faire l’avortement.
« Quand je suis arrivée dans cette clinique, Patrice m’a fait rentrer dans une salle et m’a fait coucher. Il a dit que mon vagin est très petit, donc il s’est couché sur moi ce jour-là encore pour me violer. Ensuite, il a introduit les instruments qui devaient servir à faire l’avortement dans mon vagin, j’ai aussitôt crié, parce que ça me faisait très mal. Lorsqu’il a entendu les gens demander ce qu’il se passait, il m’a tapée. Je suis descendue directement du lit, j’ai dit que je ne peux pas faire ça. Il m’a alors remis 100 000 francs et m’a dit d’aller voir son ami médecin qui s’appelle Célestin pour lui dire de m’aider à avorter, mais sans dire son nom. Il a dit que si je le dénonce, il va dire que je suis sa copine et qu’on sortait ensemble depuis longtemps »,
Malheureusement pour elle, cet autre médecin, qui devait l’aider à avorter, abuse aussi d’elle dans sa clinique. Elle rentre chez elle choquée et complètement perdue. Le même jour, son premier violeur l’appelle au téléphone et lui demande de revenir dans sa clinique pour faire l’avortement. Décidée à se débarrasser de cette grossesse non désirée, elle repart le lendemain matin à la clinique. Après plusieurs tentatives d’avortement forcé sans succès, et qui ont beaucoup affaibli la jeune fille, les deux médecins : Patrice et Célestin décident de passer par une césarienne.
Ils font croire à sa famille qu’elle a un kyste et qu’il fallait l’opérer urgemment. Mal faite, l’opération n’a fait qu’empirer l’état de santé de la jeune fille. Dépassés par la situation, les médecins décident de la transférer dans une clinique située à Dabompa. La jeune fille subit deux autres opérations dans cette autre clinique, avant d’être référée finalement au CHU Ignace Deen.
Dans une vidéo réalisée par l’ONG « Femmes développement et droits humains » (F2DH), la jeune fille a raconté cette histoire digne d’un film d’horreur.
Des ONG de lutte contre les violences à l’égard des femmes ont engagé une action en justice, qui a conduit à l’interpellation de trois médecins cités et avait dans le même temps lancé un appel à l’aide pour M’Mah Sylla.
La popularisation de l’affaire avait abouti à l’arrestation de trois médecins placés en détention provisoire suite aux décisions du juge d’instruction du tribunal de la banlieue de Manfanco.
Ils étaient accusés de “viol, avortement, administration de substances nuisibles, risque causé à autrui et complicité”

Une quatrième personne soupçonnée d’être impliquée, en fuite est activement recherché.
Finalement, transférée en Tunisie pour des soins, M’Mah Sylla est morte samedi 20 novembre 2021 après avoir subi 7 opérations au total, dont celle qui visait à avorter la grossesse contractée après le premier viol.

La dépouille de M’Mah Sylla a été rapatrié en guinéé le mercredi 24 novembre 2021.

Le conseil de l’ordre des médecins guinéen, s’est constitué partie civile : « Nous avons décidé, quelle que soit l’issue du procès, de les radier de façon définitive sur le tableau de l’ordre des médecins avec interdiction d’exercer la profession médicale en république de Guinée », selon le professeur Hassane Bah. « En tant qu’humain, on est choqué, en tant que médecin, on est révolté » #RFI
Cette histoire à plongée la guinéé dans l’émoi et continue de susciter des réactions et relance le débat sur la violence faites aux femmes en guinéé.
À l’initiative du président guinéen, la journée de demain vendredi 26 novembre sera consacrée à des prières pour le repos de l’âme de la regrettée M’mah Sylla.
Source:
RFI
Communiqué du gouvernement guinéen
Guineematin.com
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