
Son premier contact avec l’univers musical se fait à l’âge de 8 ans en intégrant la chorale de sa communauté. A cette époque, sa mère lui offre pour la première fois un « Ahoco »>, idiophone traditionnel Baoulé dont la promotion a été faite par l’artiste ivoirienne Antoinette Konan. C’est d’ailleurs une cassette de cette icône qui servira d’outil pédagogique à Jahelle pour améliorer sa pratique du Djembé.
Au lycée, elle évolue avec des amis au sein d’un groupe de Rap. Contrainte de séjourner dans différentes régions de Côte d’Ivoire, au gré des affectations de son père, elle s’imprègne des cultures locales.
Ses influences musicales sont d’abord gospel, rnb, hip hop avant d’être charmée par le jazz et la soul qu’elle découvre lors d’une séance studio en 2010. Le 13 Décembre 2014, elle lance officiellement sa carrière musicale et s’illustre aussitôt à travers des showcases et des concerts.
Son premier album de 13 titres “Béflèhmi” sort en 2018. Portée par un immense désir de s’affirmer, Jahelle Bonee revendique un ‘’héritage ‘’improbable mais homogène, une esthétique où le traditionnel, le moderne et l’urbain fusionnent. Elle fait la promotion de la Côte d’Ivoire dans ses chansons à travers plusieurs langues.
D’où vous naît l’envie de faire la musique ?
Dans ma famille on a toujours eu cette fibre artistique. Les prémices ont commencé dans les cellules à l’église et à la maison. Mes parents sont de très gros consommateurs de musique. Je crois que ça doit venir de là.

Le déclic !
Le déclic a commencé en 2013. Mais j’ai sauté le pas en 2014. J’étais en fac de droit en ce moment là. Un matin, assise en amphithéâtre, je me suis posée la question : mais qu’est-ce que je fais là ? Tous mes professeurs me disent que j’avais du potentiel pour faire le droit mais je sentais en moi que je pouvais trouver l’excellence ailleurs. C’est ainsi que je suis rentré cette année-là dans la musique. Je suis allée voir une dame du nom de Djira qui avait un espace au carrefour Ena. C’est fermé maintenant. Je lui dis madame : je veux lancer ma carrière musicale et j’ai besoin de votre espace. La dame a tellement aimé notre audace qu’elle nous a donné l’espace. C’est ainsi que tout est partie. Il y avait la galère mais le fait de penser et le faire c’était un grand pas.
Pourquoi le choix du Jazz ?
Le choix du Jazz parce que parce qu’il y a cette liberté dans le Jazz. C’est un ensemble de musique qui forme une musique. Quand je dis par exemple que je fais la musique tradimoderne, la soul…ça peut paraître brouillon mais dans du Jazz tout ça fusionne pour donner une musique qui est cohérente. Au départ je voyais le Jazz comme quelque chose de lointain de ma réalité. Je connais les grands noms mais je m’imaginais pas un jour essayer de faire partie de ces artistes là. Un soir j’étais en studio et une amie m’a fait écouter une artiste qui m’a beaucoup influencé de tout celle qu’on connait, elle s’appelle Mélodie Gardo. Et je l’ai écouté, j’ai dit waouh j’ai trouvé ma place. Ce qui pourrait être une identité assez forte pour moi. En terme de représentativité elle me parle plus et c’est à ce moment que j’ai assumé le Jazz.

Après huit années de carrière est-ce qu’il y a eu des moments où vous avez eu envie d’arrêter ?
Oui tout les jours ! Parce que c’est vrai qu’on rigole mais c’est difficile d’être artiste et indépendant, de faire des choses que les gens jugent différemment. Moi je me sens pas différente parce que j’estime qu’on a sa place. Il y a un public partout, et on ne doit pas se sentir différent. Ça été difficile mais le système est heureusement entrain de changer. Parce qu’il est fait de telle sorte que c’est un peu difficile d’être à l’aise en tant artiste. Faut faire preuve de résilience tout le temps. Mais on garde les meilleurs moments pour aller de l’avant. C’est ce qui me permet de faire un nouvel album de 13 titres cinq ans après le premier. C’est grâce à cette foi et cette résilience que nous tenons. C’est important de le dire lorsqu’on a des lucarnes comme celle-là. Pas pour s’apitoyer mais on estime que dans chaque domaine de la vie, il faut un commencement, il faut rencontrer des difficultés pour se parfaire. Je souhaite que ceux qui viendront dans la musique soient dans une meilleure condition en terme d’environnement créatif.
Votre regard sur le Jazz !
Le Jazz est bien représenté mais pas très populaire en Côte d’Ivoire. Le Jazz se comporte bien parce qu’il y a des événements, il y a des shows. J’ai participé récemment à BisisiJazz à l’institut français. La salle était pleine à craquer, le public demandait cette musique. J’ai toujours voulu donner une autre image au Jazz par rapport au fait que les gens voient le Jazz comme une musique de riche, d’une certaine classe. Mais non la musique c’est la musique elle n’a pas de couleur ni de classe. Moi je suis pas une fille de la haute mais aujourd’hui je chante le Jazz comment ? C’est parce que la musique elle m’a touchée, je me suis sentie en elle. Aujourd’hui en tant que Jazz woman ivoirienne, j’aimerais bien que les jeunes fassent le Jazz.

Quand vous entendez le CodiJazz!
Pour moi le CodiJazz est comme un nouveau souffle. Quand je dis je fais du Jazz on s’attend toujours à un Jazz plus classique mais non le CodiJazz c’est Jazz de Côte d’Ivoire. Ça veut dire il y a le Jazz qu’on connaît mais il y a une rythmique, un son, un instrument, une langue qui est propre à chez nous. Pour moi c’est essentiel, parce que qu’on soit Baoulé de Sakassou ou senoufo de Korohgo on doit être attaché à sa culture. Pour moi le CodiJazz c’est un nouveau souffle il y a de magnifiques artistes femmes et hommes qui ont pour but de valoriser notre culture.
Je profite de l’occasion pour saluer l’initiative de Jarafro qui eu la magnifique idée de réunir touS ses artistes autour d’une même mouvement.
Perspective pour la musique et votre carrière musicale !
Je souhaite plus de salles, d’école, de festivals, shows…que la bannière du drapeau de la Côte d’Ivoire flotte un peu plus. Que ceux qui ont eux du succès puissent venir nous transmettre, insuffler à la nouvelle génération et mettre des conditions pour les choses soient plus simple, c’est mon cri de cœur.
Pour moi même je souhaite dans cinq ansêtre à 4 albums. Un concert au Sofitel, au Palais de la culture, puis des voyages, faire la promotion de la Culture ivoirienne. Vendre nos richesses culturelles, établir cette échange musicale. Voir des français, américains, italiens chantés dans nos langues comme nous le faisons.
Réalisé par Mam Ouattara
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