Meganne Boho est une jeune femme ivoirienne issue d’une famille mixte, rencontre du Sénégal et de la Côte d’Ivoire qui porte une affection particulière à tout ce qui touche au leadership, au volontariat, à l’autonomisation des femmes, et à la découverte.
A 26 ans, est Manager Relations Clients et Médias d’une agence pan africaine de relation presse et de média, African Media Agency dans laquelle elle s’occupe d’entreprises et d’agences telles que La Banque Africaine de Développement, Fleishman Hillard, Mastercard Foundation, Bill and Melinda Gates Foundation, Africa Finance Corporation etc.
Méganne est lauréate du Diana Award 2019 en l’honneur de La Princesse Diana en Angleterre.
Sélectionnée parmi plus de 5 600 candidats, Meganne Boho a été récemment désignée comme lauréate du programme Women Deliver Young Leader . Elle fait partie des 300 jeunes leaders retenus en juin 2020 qui bénéficieront pendant deux ans de formations à travers le monde, de ressources qui leur permettront d’élaborer des programmes en faveur de la santé et des droits des filles, des femmes et des jeunes, ainsi que d’une opportunité de participer à la conférence Women Deliver 2022, la plus grande conférence au monde sur l’égalité des sexes, la santé et les droits des filles et des femmes.
Militante féministe engagée, elle dédie son énergie à la lutte en faveur des droits des femmes et à la conduite d’actions pour lutter contre la violence domestique, sexuelle et sexiste à l’égard des femmes à travers La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes dont elle est la Présidente.
Titulaire d’une licence en anglais précisément en linguistique appliquée, passionnée par le développement communautaire ainsi que la promotion de la jeunesse, plus précisément des jeunes filles, elle se bat depuis plusieurs années pour l’amélioration des conditions de vie des femmes à travers la défense des causes en lesquelles elle croit fermement: l’autonomisation des femmes, les droits de la femme et le leadership féminin.
Elle a également bénéficié de plusieurs programmes de formation en leadership, Business et Entrepreneuriat financés par le Département d’Etat Américain tels que le Study of the US Institutes auquel elle pris part en 2015 aux Etats-Unis et le YALI RLC Dakar, le YALI Connect Camp et le YALI RLC Lagos successivement en 2016 et 2017.
- Soyez la bienvenue chez CorineMaez.com ! Nous avons hâte de débuter l’interview. Mais avant pouvez-vous vous présenter à notre lectorat.
Je suis Meganne Lorraine Ceday BOHO, une activiste féministe de 26 ans. Je suis Manager Média et Service à La Clientèle dans une agence de communication et relation presse, African Media Agency. Je suis également La Présidente de La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes.
- Pourquoi avez-vous décidé de vous battre pour la cause de la femme? Cela est-il lié à votre histoire personnelle ?
Cette lutte s’est imposée à moi, je pense bien. Je suis une personne empathique à la base qui veut faire de son mieux pour alléger la souffrance autour d’elle. Déjà très jeune, j’interrogeais les normes sociales. Dans ma peau d’adolescente pas sûre d’elle, je cherchais quand même à comprendre pourquoi la société discriminait autant les femmes et je planifiais les actions que je pouvais mener pour changer les choses sans savoir réellement où commencer. Malgré mon parcours peu ordinaire, je me sentais privilégiée par rapport aux femmes qui ne pouvaient faire entendre leurs voix face aux injustices qu’elles vivent.
Mon histoire personnelle n’a juste qu’été un catalyseur et un élément motivateur dans cette lutte. Victime de violences sexuelles et conjugales, j’ai compris que j’avais ma partition à jouer pour aider celles qui n’avaient pas eu la même chance que moi de se reconstruire après de tels drames. J’ajouterais aussi la place importante de mon passage au Fonds des Nations unies pour la Population (UNFPA) dans mon engagement pour les droits des femmes. J’ai été confrontée à des témoignages et statistiques accablants concernant les violences faites aux femmes qui m’ont poussée à franchir un cap dans mes actions pour aider les femmes qui ont pu se trouver dans ma situation.
- C’est quoi pour vous être féministe aujourd’hui ?
Être féministe pour moi c’est demander que l’égalité des droits soit appliquée. Je parle d’application parce que l’article 1 de la déclaration des droits humains stipule que tous les êtres humains sont libres et égaux mais lorsqu’on regarde nos sociétés, nous nous rendons que compte que depuis des siècles, un système a été mis en place pour reléguer la femme au second plan la privant des droits cités dans cette même déclaration. Être féministe pour moi, c’est également réclamer qu’une femme ne soit pas discriminée, mise de côté pour sa condition de FEMME.
- Qu’est-ce que c’est pour vous, être féministe en Afrique de l’Ouest ? Particulièrement en Côte d’Ivoire ?
Être féministe en Côte d’Ivoire c’est accepter d’être anticonformiste pour venir à bout du patriarcat. Être féministe chez nous, c’est accepter de se battre pour mettre fin aux injustices faites aux femmes malgré les insultes, les injures, l’animosité, le harcèlement. Je peux dire qu’ici être féministe c’est un sacerdoce qui vient avec son lot d’épines et de victoires face à une société qui peine à aller vers la déconstruction de la mentalité qui place l’homme tout puissant au-dessus d’une femme faible et sans défense.
- Et si vous nous parliez de la Ligue ? On aimerait en savoir plus sur cette organisation et le rôle que vous y jouer.
La Ligue Ivoirienne des Droits des Femmes, est un réseau féministe crée en 2019 par des jeunes femmes ivoiriennes engagées dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles envers les femmes. Avec mes collaboratrices, nous essayons d’aider toutes les survivantes et les victimes à avoir accès à une prise en charge et un accompagnement sur le plan médical, juridique, psychologique et financier. Notre association a permis de remettre la question des violences faites aux femmes sur la table de discussion et c’est plus de 250 femmes qui ont été aidées depuis Décembre 2019.
Étant la présidente de l’association, je supervise les actions physiques et virtuelles des équipes, je fais beaucoup de recherche de financements. Je négocie, formalise les accords avec les partenaires et je chapeaute la communication globale de La Ligue en Côte d’Ivoire et dans toutes nos représentations pays. C’est beaucoup d’efforts pour fusionner tâches administratives à une synergie d’actions qui mobilise des ressources humaines nécessitant de la disponibilité et la volonté pour maintenir le cap de notre organisation. Je suis heureuse qu’aujourd’hui existent d’autres représentations de La Ligue au Bénin, au Tchad et au Mali. Et si je peux tirer un bilan en cours de route, je dirai qu’il est satisfaisant. Nous gagnons en expérience, nous évitons les erreurs commises dans le passé, en résumé, nous avons grandi et continuons de progresser. Je suis fière de ce que nous avons accompli ensemble.
- Quels sont vos principaux combats ?
Je me bats pour une seule chose qui peut être développée sous plusieurs aspects : que la femme soit considérée comme un être humain à part entière pour jouir de ses droits au même titre qu’un homme dans la société. Pour moi cela inclut entre autres la répression dans les cas de violences physiques et sexuelles ( qu’elles soient faites à l’école, au travail ou dans les hôpitaux , les violences faites aux femmes doivent être sévèrement punies), la non-discrimination dans le milieu professionnel et scolaire ainsi que la promotion de l’éducation de la jeune fille en mettant un accent particulier sur la précarité mensuelle.
- Malgré les menaces, les insultes, les brimades vous continuez. Qu’est ce qui vous permet de continuer ? D’où tirez-vous votre force ?
Je puise avant tout ma force en Dieu qui jusque-là me permet de tenir face aux flèches de l’adversité. Ma foi est la boussole qui me guide dans cette lutte. Il y a aussi mes collègues, leur abnégation me donne du tonus et pour finir toutes ces femmes qui comptent sur nous, tous nos bénévoles, toutes les personnes qui nous soutiennent. Quand j’ai envie de baisser les bras, je pense à eux et je me relève.
- Que faites-vous au quotidien pour pousser votre combat ?
Je fais beaucoup de sensibilisation et je me suis donnée pour mission de former les plus jeunes féministes mais aussi les jeunes de mon entourage sur l’égalité des droits, la notion de consentement, l’importance de l’accès des femmes aux postes de décisions etc. Dans notre travail, nous sommes obligées de porter plusieurs casquettes, je continue de me former sur les questions liées à notre domaine et avec la stratégie que nous mettons en place, nous privilégions la relation de confiance avec les survivantes d’où mon accessibilité pour des séances d’écoute durant lesquelles je leur partage souvent mon histoire pour qu’elles aient de l’espoir et reprennent le contrôle de leur vie. L’audience que j’ai sur les réseaux sociaux, me permet également d’apporter mon grain de sel au mouvement de déconstruction de la mentalité patriarcale que les féministes ivoiriennes ont initié depuis longtemps avec des pionnières telles que Constance Yaï et Georgette Zamblé.
- En dehors du féminisme, d’autres combats vous tiennent t-ils à cœur ?
Je suis marraine d’un groupe d’enfants « Donneurs d’Espoir » qui œuvre pour aider les enfants atteints du cancer. Ils sont dans la ville de Grand-Bassam font également la promotion de la lecture. C’est un honneur pour moi de les accompagner dans cette noble action qu’ils ont commencé à un si jeune âge.
- Pouvez-vous nous parler du DIANA AWARD dont vous êtes la bénéficiaire ? On veut savoir les détails et ce que cela représente.
Créé à la mémoire de Lady Diana, la princesse de Galles, le Diana Award est décerné par l’organisme de bienfaisance du même nom et bénéficie de l’appui de ses deux fils, les Ducs de Cambridge et Sussex. Je l’ai reçu en 2019 en couronnement de mon engagement pour ma communauté. Ce prix a été mon premier prix international et je l’ai accueilli avec une énorme fierté car il venait récompenser mes efforts depuis 2012 dans le social. Ce prix est pour moi la plus haute distinction qu’un jeune puisse obtenir pour son action sociale ou humanitaire et il représente le passage à une étape supérieure , une étape à laquelle j’ai pris conscience que mes actions vont au-delà des frontières. Être la première ivoirienne à recevoir ce prix donne un goût particulier à cette victoire et me motive à faire mieux pour tous ceux que je peux inspirer.

- Avez-vous des rencontres avec la jeunesse pour leur partager l’importance de votre combat ?
En 2019, j’avais organisé un programme de coaching pour les jeunes de ma communauté que j’ai appelé « Totally And Simply Me » pour leur dire de venir comme ils sont pour qu’on se parle entre jeunes sans protocole. La seconde session devait reprendre en 2020 mais la Covid-19 ne nous a pas permis de réaliser ces rencontres. Mais avec mon équipe, nous prévoyons relancer le programme d’ici juillet 2021.
- Qui sont les trois femmes qui vous ont le plus inspirée dans votre vie ?
Plusieurs femmes ont participé à former celle que je suis aujourd’hui. Je peux citer Madame Sefora Kodjo, Mme Amina Coulibaly, Mme Gaelle Thisse entre autres mais si je dois parler des femmes qui m’ont inspirée le plus et qui continue de le faire, la première serait Ma Mère, Mme Mossis Lucile, elle est une source de motivation pour ma vie. Ensuite Mme Eloïne Barry, la CEO de l’entreprise dans laquelle je travaille, elle est l’une des meilleures managers que j’ai connues. Elle m’a donné ma chance, m’a formée et m’a poussé à exceller dans le monde des médias. En dernier lieu, c’est un personnage biblique, celui de la juge Déborah. Elle m’a permis de comprendre que la femme pouvait accéder aux instances de décision et faire un excellent travail à un haut poste de responsabilité.
- Quel monde souhaitez-vous pour demain ?
Un monde plus égalitaire , plus sûr pour les personnes vulnérables.

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