Nous entamons cette nouvelle saison de nos profils inspirants avec une jeune dame aussi inspirante que talentueuse.
ORPHELIE THALMAS, cadre d’entreprise, consultante éditoriale et communicatrice, peintre et féministe.
Orphelie Thalmas est une vraie touche à tout qui met ses convictions dans chacune de ses occupations.
Elle est titulaire d’un BAC +5 en Droit avec une spécialisation en Droit international public, Consultante éditoriale sur les questions culture et société (A travaillé avec le Guardian, le Goethe Institut, Bayard Presse, This is Africa, Ayana Webzine, Elephant Africa, Zeu Emission sur Orange TV, Fondation Speak Up Africa, Unicef Burkina, RFI…), Orphelie Thalmas une féministe activiste (Modère et participe aux débats publics sur les questions des droits et d’épanouissement des femmes).
Communicatrice (Communication Specialist en entreprise), Chroniqueuse sur RFI (Pour la capsule « La vie ici »), elle est aussi Peintre avec une série sur la nudité féminine (à ses heures perdues toutes aussi précieuses, elle se repose et s’amuse parfois à des métaphores mi-transgressives, mi-sages depuis fin 2020)
Elle est Lauréate de plusieurs prix et distinction dont:
• Innovation media
Africa 3535
Sep 2019
• Prix des étudiants en journalisme Master 1 (ISTC)
Etudiants en Master 1 de journalisme de l’Institut des Sciences et Techniques de la Communication
Jun 2018
• Meilleur blog francophone africain au Blog Award
Deutshe Welle (Média Allemand)
May 2016
• Prix Média GENERATION ENTREPRENEUR (Adn Factory)
Adn factory
Nov 2015
• Meilleure Blogueuse de Côte d’Ivoire
L’agence E-voir et l’Association des blogueurs de Côte d’Ivoire (ABCI)
Jul 2014
Orphelie Thalmas a bien voulu répondre aux questions de notre rédaction, découvrez sa plume, ses oeuvres et surtout sa vision du monde.
1)Quel a été le déclencheur de votre carrière dans la communication ?
J’ai commencé sur internet. C’était plus accessible. Parallèlement à la fac, je réalisais des interviews pour Hits2Babi plateforme de streaming et actualités sur la musique urbaine. Ensuite je suis prise en stage à Tips Magazine. Je crée dans le même temps mon blog sur l’art et la culture. Avec le temps, il est de plus en plus invité pour des activités et je suis moi-même sollicitée en freelance pour créer du contenu.
Je finis par être à TRACE Côte d’Ivoire en tant que digital manage où je m’occupe dans le même temps de la relation presse et interviens ponctuellement sur le marketing. L’expérience dure 5 ans. Durant 6 mois j’entreprends de me lancer dans une carrière de consultante en communication, et de me concentrer sur Culturiche qui est devenue une SARL. Je m’occupe de la communication et des partenariats pour l’association française Culture et développement avant d’être la responsable communication du Festival de Gondwana. Je m’occupe dans le même temps du fixing de documentaires destinés à la chaîne ARTE.
En 2020, Nestlé Côte d’Ivoire me recrute en tant que Communication Specialist.
2)Pourquoi avez-vous choisi la culture et l’art comme premiers sujets d’expression ?
Par passion. Il y a le plaisir, le divertissement, et la réflexion en même temps. L’art et la culture sont des outils politiques. J’avais remarqué un certain vide en termes de documentations sur le sujet. J’étais moi-même en demande alors j’aipris les devants.Je voulais d’abord partager ce que j’aimais en présentant ça comme un média à part entière. De 2012 à 2019, ça a été une aventure intense qui a grandement contribué à mon parcours professionnel, et à celui de mon équipe.
3)Et si vous nous parliez de CULTURICHE ?
Culturiche est arrivé dans la continuité de ce que j’avais entamé en 2012 avec un blog. Nous avons pu travailler en tant qu’agence de création de contenus média axé sur la culture, ce, avec MTN, Orange, l’Institut Français, l’Emoi du Jazz, Nestlé, Solibra,. Nous avons organisé des événements, promu le patrimoine culturel avec une ligne de tshirts créatifs. Aujourd’hui j’ai d’autres aspirations pour Culturiche que je vois moins digital et plus communautaire aussi. Je ne vois plus le concept sous la forme d’une agence, une SARL, mais comme une association. L’expérience m’a permis de reconsidérer mon approche.
4)Quel est votre plus grand rêve pour notre culture ?
Qu’elle soit davantage connue dans son authenticité, par nous d’abord, puis par le monde. Pas simplement dans un aspect folklorique.
Très souvent proche l’un de l’autre, en plus de votre passion pour la culture vous êtes aussi artiste. Vous peignez. Qu’est-ce qui vous a amené à la peinture ?
Le contexte d’enfermement s’y est prêté. Il y avait le confinement lié à la COVID, et celui lié à a période post-électorale de 2020. J’avais besoin d’extérioriser. Ce n’était pas prémédité puisque c’est en allant faire les provisions au supermarché que je me suis arrêtée au rayon papeterie et j’ai eu l’idée de prendre un paquet de cansons et des crayons de couleurs. Je n’ai plus arrêté.
5)Quel thème explorez-vous avec votre peinture et pourquoi celui-là en particulier ?
A ce jour j’aime les femmes noires de notre époque dans un contexte urbain, moderne. J’aime les représenter, nues ou dénudés, sans que ça ne soit systématiquement érotique. Je peins des instants davantage que des personnes. Ce sont des instants solitaires qui respirent la sérénité. Pourquoi ? Je ne sais pas exactement. Je les ai faits instinctivement et je me suis rendu compte que je tenais un truc, et que j’aimais bien. Peut-être que ça a un rapport avec l’enfermement finalement (Rires).
C’est un exercice aussi. Je crois qu’en m’y prêtant, j’ai appris à assumer davantage certaines postures non conventionnelles. Il y a aussi du féminisme. Au départ c’était inconscient et puis on vous interroge ou on vous décrypte et vous admettez l’évidence. Il y a un peu de vous dedans.
Mes nus et dénudés sont des tenues de vérité aussi. Seules dans un espace safe, une femme a plus de confort à être elle-même, loin des diktats, à l’abri d’une agression sexuelle. Mais quelqu’un d’autre vous dira qu’il voit autre chose, et j’aime ça avec l’art. C’est amusant !
6)Quelle émotion est votre moteur pour peindre ?
L’apaisement, la mélancolie aussi. Quand j’ai besoin de faire une pause, je peins. Je m’évade. On ne voit plus le temps passer. On apprend à être patient, serein, à croire au process, à l’effet du temps et des actions additionnées. Partir de quelque chose debrut, pour peu à peu, voir quelque chose de regardable. Je suis encore surprise par l’art. je n’avais pas pris ce rendez-vous. D’ailleurs je continue d’apprendre en pratiquant.
7)Vous vous définissez féministe activiste. Que signifie pour vous être féministe ?
C’est être conscient qu’il existe des abus et discriminations directement liés au genre féminin, et souhaitez et/ou agir afin de contribuer à un environnement où ils seraient éradiqués.
8)Qu’est-ce-qui vous touche spécialement dans le féminisme ; avez-vous des sujets qui vous tiennent à cœur ?
Les dogmes me touchent particulièrement. Traditions et religions sont en grande partie à la base de la vision réductrice qu’on se fait des femmes et qui mènent à des abus. Les dogmes sont difficilement discutables. Y toucher, c’est s’exposer à l’incompréhension et même à une certaine hostilité. C’est inquiétant de constater que des violences basées sur le genre sont le fruit direct ou indirect de croyances ancrées.
9)Vos peintures sont-elles liées à ce combat ? Comment pensez-vous qu’elles feront bouger les choses ?
Quelques-unes le sont, oui. Le Rassemblement et La tenue de vérité par exemple.
Mais je ne me limite pas.
10)Vous avez écrit des épisodes d’émissions télé, été fixeuse sur une série de documentaires pour ARTE, pouvez-vous nous parler de cette expérience ?
J’aime l’idée d’être un Gepetto. Être dans l’ombre de la star, de la personnalité publique, et mettre en œuvre toute sa représentation. C’est un peu de l’art. On travaille pour laisser le résultat final être apprécié. Pour ces deux expériences télévisuelles, j’ai été directement contactée par la réalisation et la production. Je crois que mes activités sur le digital ont au fil du temps milité pour moi. Et de recommandations en recommandations, j’ai eu la chance de faire mes preuves et de ne plus être limitée uniquement au digital. J’ai beaucoup appris.
11)Quelles étaient vos missions ?
Pour ARTE, Identifier les personnes ressources par sujet, faire des pré-interviews,planifier leurs disponibilités, gérer les relations entre équipe de réalisation et personnes sur le terrain. Nous avons été dans différentes villes et villages. J’ai eu des audiences avec des notables par exemple pour négocier des accès … Il y a eu des anecdotes mémorables avec cette expérience dont j’ai tiré des leçons liées au choc des cultures.
Pour le talk show sur ORANGE TV, J’ai écrit des épisodes de l’émission et suivi la mise en œuvre de longues nuits d’enregistrement. Une expérience intense qui m’a fait davantage respecter les équipes de l’ombre dans un média.
12)Comment chacune de vos expériences, de vos métiers, de vos convictions et combats participent à façonner la vision que vous avez ?
Il faut déjà que je puisse bien décliner ma vision (rires). Alors dans tous mes engagements, qu’ils soient personnels, professionnels, ou communautaires, j’essaie, j’entreprends du mieux que je peux. Je suis une optimiste qui a conscience qu’on ne peut pas atteindre l’idéal mais qu’on peut agir pour s’en rapprocher. Ma vision est de ne pas rester statique, d’employer les moyens à ma disposition pour ne pas admettre le statu quo. Je crois que les gens avant moi ont permis ainsi que je puisse bénéficier de certains avantages dont je n’aurais pu bénéficier en tant que femme noire africaine. Je ne veux pas interrompre la dynamique durant mon passage. Je vois les choses ainsi pour ma vie, et pour la société.
13)Quel mot souhaitez-vous laisser à nos jeunes lectrices ?
A l’ère des réseaux sociaux, il est encore plus difficile d’être soi-même, d’être authentique. Ce n’est pas facile parce que c’est plus agréable de plaire à tout le monde alors on peut se laisser influencer. Rappelez-vous que vous êtes de passage. Ce serait dommage de vivre en étant une autre personne. Et puis aussi, ne craignez pas de privilégier votre bien-être. Si vous vous sentez mal, c’est qu’il faut vous questionner et envisager les choses différemment.
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