Sara Coulibaly est une entrepreneure ivoirienne, née le 17 Février à Abidjan. Elle est titulaire d’un Bachelor en management et d’un Bachelor en intelligence économique obtenu à Science Po Aix.
En 2012, elle sort major de promotion et obtient un Master en création d’entreprise à l’Université de Cergy Pontoise.
Elle est depuis lors, la seule femme ivoirienne nommée Ambassadrice de cette Université.
En 2015, elle crée Naimadolls, la première marque de jouets ivoirienne.
En 2016, elle est classée à la 21ème place du classement FORBES 30 under 30. Elle est Alumni du programme Americain YALI.
En Septembre 2020, elle remporte le Grand Prix de la fondation BJKD grâce à son projet Naimadolls : la première marque de jouets ivoirienne.
Sara est aujourd’hui à la tête de Naya Holding, une entreprise 100% féminine spécialisée dans la conception et la commercialisation de jeux éducatifs d’inspiration africaine.
Depuis le 24 Mars 2021, Naimadolls, cette marque 100% ivoirienne, est la première marque de poupée Africaine à faire officiellement son entrée dans la grande distribution en France au travers du groupe Auchan. Ceci rend les produits Naimadolls disponibles dans 81 magasins dans plusieurs grandes villes de france.
SARA COULIBALY est aussi propriétaire de Kids Concept, la première chaine de salons de coiffures spécialisée pour enfants de Côte d’Ivoire.
Mère de deux enfants, Sara se dévoue depuis plusieurs années à la cause des enfants en difficulté.
Elle œuvre grâce à sa fondation dénomméé “Yacine” dans des actions en faveur des enfants défavorisés.
Elle a vécu 14 ans entre la France et la Belgique avant de rentrer définitivement en 2015 afin de se mettre au service des enfants de son pays la Côte d’Ivoire.

1)Soyez la bienvenue chez CorineMaez.com ! Nous avons hâte de débuter l’interview. Mais avant, pouvez-vous vous présenter à notre lectorat ?
Je suis Sara Coulibaly, entrepreneure, femme ivoirienne, maman et je suis une boule d’énergie. J’adore toucher à tout, mais je suis passionnée par mon métier qui est l’entrepreneuriat.
2)Quand après 14 ans en France et en Belgique vous décidez de revenir en Côte d’Ivoire, quels sont vos rêves en ce moment là? Qu’espériez-vous ?
Quand je décide de rentrer en Côte d’ivoire, j’ai beaucoup de rêves. Je pars de la France après plusieurs années. Et surtout après y avoir eu une expérience en entrepreneuriat qui a eu un certain succès. A mon arrivée en Côte d’ivoire, mon plus grand rêve est de réussir mieux que ce que j’avais déjà fait, impacter mon écosystème, réussir à me faire un nom. L’un de mes plus grands rêves était de mettre sur pied une entreprise qui crée des emplois. J’espérais vraiment arriver à cet objectif. J’espérais faire briller le nom de mon pays en étant installée sur le continent.
3)Comment est née l’inspiration pour la poupée africaine ?
L’inspiration de la poupée africaine est née du croisement entre un désir de mère et un flair entrepreneurial. J’étais devenue maman et j’ai simplement fait à plus grande échelle ce que je n’avais pas trouvé pour ma fille. Cela fait quand même six ans qu’on le fait et à l’époque, il fallait avoir une démarche beaucoup plus compliquée pour avoir ces produits sur le marché.
4)Pourquoi le choix des poupées pour parler culture africaine ?
Parce qu’ une poupée, un doudou, c’est la première chose qu’on offre soit en cadeau à un enfant ou qu’il a tout le temps. C’est le tout premier objet qu’un être humain a et avec lequel il passe le plus de temps. C’est le premier objet à travers lequel il se regarde. A cet age là, à ce moment-là c’est là qu’il construit son identité. Sa poupée est belle, elle lui ressemble, l’enfant a alors une meilleure estime de lui même. Je suis passée par la poupée car pour moi il est plus facile de planter de nouvelles graines en touchant les enfants. J’ai donc décidé de les planter en leur donnant tous les outils que nous n’avons pas eu plutôt.
5)Pourquoi l’avez vous appelé NAÏMA ?
J’ai appelé la poupée NAÏMA car j’ai une poupée NAÏMA à la maison de cinq ans et demi : ma fille ainée qui a également un petit frère YACINE. Ce sont ces deux enfants qui m’inspirent tous les produits que l’on fait. Ma fille m’a inspiré la poupée Naïma et mon fils m’a ouvert les yeux sur les besoins des jouets mixtes pour les enfants d’où la création de la maison d’édition productrice des jeux de société. NAÏMA et YACINE sont une inspiration permanente.
6)Quelles sont les étapes pour la confection d’une poupée ?
Déjà il faut l’idée, ensuite le dessin, puis la 3D du personnage. On le passe au moule en terre pour faciliter les modifications, on rentre dans les détails. Puis on coule le moule dans la matière finale et suivent d’autres vérifications et le prototype est validé. Le bébé est né. On passe ensuite au stylisme. Il peut se faire parallèlement ou après. On crée l’identité, l’univers de la poupée. Le packaging aussi se fait. Et vient la production. On les reçoit à Abidjan et l’on passe au montage, à la mise en boîte et vous les recevez dans les magasins.
7)Pour vous que doit représenter une poupée NAÏMADOLLS dans les mains d’une petite fille africaine ?
Elle doit représenter pour moi un reflet, un espoir, un symbole de beauté, d’appartenance identitaire. Et être la clé qui va lui ouvrir le monde, qui lui dira qu’elle est belle, qu’elle est considérée et que le monde dans lequel nous vivons n’attend qu’elle.
8)Vous avez glané plusieurs distinctions et un prix, le plus récent est 1ère lauréate du Prix BJKD. Que vous ont-ils apporté ? Qu’ont-ils changés ?
J’ai participé à un seul prix qui est le prix BJKD. Pour moi il représentait beaucoup de choses. J’ai beaucoup d’affection et d’admiration pour Madame Diagou et si je devais gagner un prix dans ma carrière c’était celui-là. C’est le seul porté par une femme de cette carrure là. Prix, distinctions, classements m’ont apporté de la visibilité, de la crédibilité, du courage, de l’envie de faire plus.
9)Votre équipe est constituée à 100% de femmes, pouvez-vous nous raconter leur histoire ? Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ?
L’histoire de mon équipe est toute simple. C’est une volonté entrepreneuriale. J’estimais que en tant que femme entrepreneure, si j’avais un endroit où m’exprimer c’était de donner du travail à mes soeurs et de créer un ecosysteme où on se stimule entre nous. Et il y a aussi le fait qu’on soit dans un univers pour enfants. C’est plus facile pour elles de comprendre ce qu’on fait. Notre équipe est scindée en deux : l’équipe principale qui est constituée de la communication, des graphistes, du corporate… Et on a des saisonniers qui viennent quand on a un arrivage pour faire la finition des produits. Et ça pour moi c’est vraiment la dimension humaine de NAÏMA parce que ce sont des mamans, des jeunes filles mères, des étudiantes, et même des nounous des fois qui viennent arrondir leur fin de mois et passer du temps avec nous. C’est vraiment du bouche à oreille que cela se fait. Ce sont elles qui travaillent derrière NAÏMA.
10)De plus en plus d’initiatives sont prises, plusieurs entrepreneurs se spécialisent dans la confection de jouets dédiés à l’identité africaine comme vous. Ici en Afrique ou ailleurs dans le monde, n’avez vous pas peur que ces jouets ne soient qu’un épiphénomène, une tendance temporelle et disparaissent avec le temps ?
Au contraire, quand tu as une idée qui peut être reprise ou copiée cela n’est pas mauvais, cela signifie qu’il y a un marché qui se crée. Après l’entrepreneuriat c’est une course de fond pas de vitesse. Ce n’est pas tant ce qui crée, c’est ce qui reste. Tellement de difficulté, tellement de rigueur à avoir. En tant que femme entrepreneure je ne peux que souhaiter à la personne qui s’y lance beaucoup de courage car c’est dur. Nous, NAÏMA Dolls on a beaucoup d’ambition, beaucoup de force et avec la grâce de Dieu encore beaucoup de chemin à parcourir et on souhaite que d’ autres acteurs viennent grossir le marché. Le crédibiliser car ce sont toutes nos voies qui feront que tous nos produits soient représentés au-delà de nos pays de manière très légitime et je crois qu’on a le droit de le réclamer.
11)Comment sensibilisez-vous les parents sur la nécessité d’offrir vos poupées africaines à leurs enfants ?
Lorsque j’ai une prise de parole sur ce produit là, j’essaye de conscientiser les gens, j’ explique au parent la portée du geste qu’il fait quand il donne ce jouet à son enfant. Je sensibilise énormément par mes prises de parole en étant porteuse du projet. On reçoit des messages sur la page, les parents qui nous font des retours et surtout leur satisfaction.
12)Merci pour cet échange qui nous en apprend énormément. Voulez-vous s’il vous plaît laisser un dernier mot aux petites filles ?
A la petite fille, je dirai continue de rêver grand, d’être toi, d’aimer ta culture et de la porter fièrement. N’oublie pas que tu es belle, que le monde n’attend que toi et surtout pour nous les adultes vous êtes nos espoirs. Nous avons fait énormément de sacrifices pour vous et c’est vous qui donnerez un sens à tout cela.

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